
Photo : PNUD Namibie

Photo : PNUD Namibie
L’Afrique est la deuxième région du monde à connaître la croissance économique la plus rapide. Ce continent abrite en effet 12 des 20 pays à la croissance économique la plus rapide. Selon des estimations récentes, près de la moitié des pays africains dépasseront les 5 pour cent de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2025, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de 2,8 pour cent.
L’accélération de cet essor économique s’accompagne d’une augmentation de la demande d’énergie, du développement des infrastructures et de l’urbanisation. Or ces évolutions, essentielles pour maintenir la croissance, interviennent à un moment où le monde doit accroître son ambition climatique pour éviter des niveaux de réchauffement catastrophiques.
Ce contexte a poussé les pays africains à chercher comment soutenir leur croissance en suivant des voies durables. À cette fin, ils ont commencé à élaborer des Stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre (LT-LEDS en anglais). Ces stratégies fixent un cadre à long terme pour favoriser une croissance durable et intègrent les objectifs de développement économique et social, ainsi que les mesures nécessaires pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 1,5 °C. Ces stratégies s’inscrivent également dans une perspective de 20 à 30 ans et constituent donc un outil important pour attirer les investissements verts et renforcer la résilience face aux risques climatiques.

La croissance de l'Afrique montre le potentiel de transformation économique de la région. Photo : PNUD Nigeria

21 pays africains atteindront une croissance économique supérieure à 5 % en 2025. Photo : PNUD Zimbabwe
Bien que ce délai soit plus long que les cycles de planification politique habituels, il est assez court compte tenu des transformations complexes que les pays africains doivent entreprendre pour parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050. En intégrant la question climatique dans la planification du développement à long terme, les pays africains s’assurent d’atteindre cet objectif, en obtenant des résultats économiquement forts, durables sur le plan environnemental et socialement inclusifs.
En effet, planifier ces Stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre (GES) ne se résume pas à atténuer le changement climatique. Cette planification aide les pays à lutter contre les inégalités liées au changement climatique et contre les causes profondes de ces inégalités. Elle offre des perspectives aux personnes les plus touchées, notamment les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les communautés vulnérables. Impliquer ces groupes dans la conception et la mise en œuvre des stratégies à long terme de développement permet de définir des politiques climatiques qui reflètent les différents besoins et priorités, de renforcer la cohésion sociale, de favoriser l’appropriation locale et d’assurer une transition juste.
Comparée à d’autres régions, l’Afrique compte moins de pays à avoir soumis des Stratégies à long terme de développement à faible émission de GES. Cependant, avec le soutien du PNUD, la Namibie, le Togo et le Zimbabwe montrent la voie à suivre en termes de développement durable à long terme, axé sur l’action climatique.
Le Zimbabwe dévoile de nouvelles perspectives d’investissement
Dans l’objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030, le Zimbabwe a adopté une approche plus stratégique et intégrée du financement de l’action climatique, en donnant la priorité aux perspectives d’investissement qui rendent l’action climatique compatible avec les objectifs de développement.
En s’appuyant sur sa Stratégie à long terme de développement à faible émission de GES, ce pays a défini un Cadre d’investissement intégré. Ce cadre vise à attirer et à orienter les investissements nationaux et internationaux dans des initiatives résilientes face au changement climatique, dans des secteurs clés. Plus précisément, ce cadre d’investissement entend mobiliser des financements au profit de 30 activités d’atténuation du changement climatique, dont le coût total est estimé à 6,3 milliards de dollars des États-Unis d’ici à 2030, dont 4,8 milliards dépendent entièrement du soutien financier international. Il convient donc de tirer parti du financement des donateurs, d’encourager les partenariats public-privé et de mobiliser le secteur privé et d’autres mécanismes de financement afin de soutenir le lancement efficace des plans climatiques du pays.

L'énergie durable fait partie des secteurs économiques prioritaires du cadre d'investissement du Zimbabwe. Photo : PNUD Zimbabwe

Le cadre aide les décideurs politiques à prendre des décisions éclairées pour une transition juste, permettant la création d'emplois verts. Photo : PNUD Zimbabwe
Ce cadre est également destiné à mieux coordonner les parties prenantes, en attribuant des rôles clairs au gouvernement central, aux autorités locales, au secteur privé, aux partenaires de développement et aux institutions financières, afin de contribuer activement à la transition verte du Zimbabwe. Il permet également d’harmoniser les plans sectoriels et nationaux conformément à une vision cohérente du climat et du développement, ce qui soutient les efforts du pays pour atteindre les objectifs de sa CDN.
À ce titre, ce nouveau cadre d’investissement est essentiel pour étayer l’élaboration des politiques futures en mettant en évidence les secteurs au plus grand potentiel de réduction des émissions et de croissance économique inclusive, notamment les technologies vertes, les énergies renouvelables, l’agriculture durable et une infrastructure résiliente.

Les nouvelles opportunités d'emploi découlant d'une économie verte soulignent la nécessité d'une formation actualisée et d'un développement des compétences. Photo : PNUD Zimbabwe

Les infrastructures d'énergie renouvelable permettent d'accéder à l'eau à des fins productives et domestiques, y compris en cas de sécheresse et d'inondation. Photo : PNUD Zimbabwe
Le Togo adopte une vision climatique à long terme grâce à de vastes consultations
Pays côtier de faible altitude, le Togo est, comme d’autres pays voisins d’Afrique de l’Ouest, durement touché par les incidences du changement climatique. La région côtière abritant plus de 90 pour cent de l’activité économique du pays et près de la moitié de sa population, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière font peser une lourde menace sur l’avenir du pays. En outre, les inondations et sécheresses s’y multiplient et s’aggravent. En 2024, le pays a connu l’année la plus sèche depuis cinq ans, ce qui a gravement affecté les populations rurales du nord.
Ces vulnérabilités ont exercé une pression croissante sur les processus de planification nationaux et renforcé le sentiment d’urgence d’intégrer la résilience climatique et les réductions d’émissions dans les stratégies de développement.
C’est pourquoi le Togo a lancé l’élaboration de sa Stratégie à long terme de développement à faible émission de GES, en suivant une démarche de conception inclusive. Coordonnée par le Ministère de l’Environnement et de la Ressource forestière, cette démarche prévoit une série de consultations techniques et dialogues stratégiques conçus pour rendre la politique climatique compatible avec les priorités nationales en termes de développement.

Au Togo, les chocs climatiques affectent régulièrement les moyens de subsistance des populations vulnérables dans les zones rurales. Photo : PNUD Togo

La stratégie du Togo permet de traduire les objectifs en actions au niveau local, en soutenant les communautés qui dépendent de l'agriculture pour leurs moyens de subsistance. Photo : PNUD Togo
S’appuyant sur les structures ayant servi à élaborer sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), le gouvernement a rassemblé un large éventail d’acteurs sectoriels issus de ministères nationaux, d’administrations locales, d’instituts de recherche et d’organisations de la société civile. Des groupes de jeunes et de femmes ont également participé au processus, afin que des voix plurielles contribuent à façonner la vision du pays en matière d’action climatique et de développement résilient.
Ces consultations étaient essentiellement destinées à dresser une cartographie des politiques sectorielles et nationales existantes les plus pertinentes du point de vue du développement à faibles émissions, en définissant conjointement des visions pour les stratégies à long terme de développement à faible émission de GES. Ces consultations ont également cherché à définir les mesures prioritaires d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets.
Grâce à ce vaste processus participatif, le Togo entend s’assurer que sa stratégie climatique à long terme reflète à la fois les objectifs de développement nationaux et l’urgence d’accroître la résilience face au changement climatique, en particulier dans les zones côtières et agricoles vulnérables.
Afin de renforcer la démarche de planification à long terme qui a guidé le pays au cours de l’élaboration de sa stratégie à long terme, le Togo a adopté une loi sur les changements climatiques en mars 2025. Cette loi délimite un cadre juridique qui renforce l’efficacité de l’action climatique à moyen et à long terme.
La Namibie vise une croissance durable dans un contexte de risques climatiques croissants
En tant que pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure), la Namibie affiche un PIB par habitant nettement supérieur à la moyenne nationale de l’Afrique subsaharienne. Cette position économique solide reflète la stabilité relative du pays et ses progrès en matière de développement. L’économie namibienne subit pourtant déjà les effets du changement climatique. En 2024, on estime que la croissance économique est tombée à 3,7 pour cent, contre 4,4 pour cent en 2023, en raison d’un déclin des activités minières et des conséquences d’une grave sécheresse. Dans tout le pays, des périodes de sécheresse prolongées ont causé de graves pertes de récoltes et de bétail, exacerbant l’insécurité alimentaire.
D’après les projections, la perte potentielle de PIB pourrait atteindre 3,6 pour cent par an d’ici à 2050 si le changement climatique n’est pas pris en compte. Ces bouleversements soulignent à quel point il est crucial de renforcer la résilience face au changement climatique, afin que la Namibie puisse enregistrer une croissance économique durable.

Consciente des défis posés par l'urbanisation rapide, la Namibie met l'accent sur une planification urbaine résiliente afin de lutter contre les risques climatiques. Photo : PNUD Namibie

En Namibie, où la plupart des terres sont arides ou semi-arides, une agriculture intelligente face au climat est essentielle pour une résilience à long terme. Photo : PNUD Namibie
Sous la direction du Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme, le pays a élaboré et validé sa Stratégie à long terme de développement à faible émission de GES en mars 2025. Cette stratégie reflète la vision ambitieuse du pays en matière de climat et s’appuie sur des cadres nationaux tels que la Vision 2030, des plans de développement nationaux et sa CDN.
Les communautés locales, des chefs coutumiers, des femmes et des jeunes ont activement contribué à la formulation de cette Stratégie, en veillant à ce qu’elle reflète les divers besoins et priorités et qu’elle tienne compte des impacts climatiques locaux.
Dans le nord du pays, où les cultures sèches constituent la principale source de revenus, les mesures envisagées sont axées sur l’amélioration de la gestion de l’eau et l’adoption de cultures résistantes à la sécheresse. Pour les régions du centre et du sud, caractérisées par des populations clairsemées et des conditions climatiques difficiles, la Stratégie met l’accent sur les investissements dans le dessalement, les énergies renouvelables et les systèmes de transport durables. Par ailleurs, dans la région nord-est du Zambèze, inondable, on a fait de la gestion des crues une priorité.
Ainsi, la Stratégie à long terme de développement à faible émission de GES de la Namibie est plus qu’un document politique. C’est une solution centrée sur la population, nourrissant une vision de développement économique inclusif compatible avec la protection de l’environnement qui est indispensable à l’épanouissement des générations futures.
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Depuis mai 2025, le PNUD a aidé 18 pays africains à élaborer et à mettre en œuvre leur Stratégie à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre, grâce au soutien du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement. Pour en savoir plus sur les Stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre, consultez notre guide.
Fruit d’une collaboration avec un large éventail de partenaires, la Climate Promise du PNUD a aidé plus de 120 pays à améliorer et à mettre en œuvre leur Contribution déterminée au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris. La nouvelle phase de la Climate Promise, nommée « From Pledge to Impact » [Des promesses aux résultats], bénéficie du généreux soutien des gouvernements de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Islande, du Japon, du Royaume des Pays-Bas, du Portugal, du Royaume-Uni et de la Suède, ainsi que d’autres contributeurs principaux du PNUD. Ce programme sous-tend la contribution du PNUD au Partenariat pour les Contributions déterminées au niveau national.