Les femmes sont la clé de l’avenir de l’action climatique en Afrique

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 Zimbabwe
Photo : PNUD Zimbabwe/Anesu Freddy

Comme la plupart des autres défis humanitaires et de développement, la crise climatique perpétue et amplifie les inégalités structurelles, notamment entre les femmes et les hommes.

D’un bout à l’autre du continent africain, les femmes sont inégalement touchées par les effets du changement climatique. De nombreuses femmes de la région dépendent principalement de moyens d’existence sensibles au climat, tels que l’agriculture à petite échelle et le travail manuel. Elles sont donc très exposées aux effets des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations récurrentes qui endommagent les cultures et tuent le bétail dont dépendent leurs moyens d’existence.

En outre, les femmes sont plus susceptibles de supporter les conséquences à long terme de ces impacts, tels qu’une vulnérabilité accrue à l’insécurité alimentaire, l’aggravation de la pauvreté et une plus grande exposition à la violence et aux déplacements.

Les effets du changement climatique entraînent également une augmentation des soins non rémunérés et des responsabilités domestiques déjà disproportionnées des femmes et des filles, ce qui limite leur accès à l’éducation et aux possibilités d’emploi. Par exemple, en Éthiopie, en raison de la sécheresse la plus grave qu’ait connue le pays depuis 40 ans, les filles ont été contraintes d’abandonner l’école pour supporter la charge accrue des tâches ménagères et agricoles, tandis que les hommes et les adolescents migrent vers les centres urbains à la recherche d’un emploi.

Néanmoins, bien qu’elles soient touchées de manière disproportionnée par les effets du changement climatique, nous ne devons pas oublier que dans les pays africains, de nombreuses femmes jouent un rôle primordial dans l’action climatique par leur plaidoyer, leur engagement communautaire et les solutions innovantes qu’elles peuvent proposer.

Gommer les disparités entre les sexes grâce aux engagements climatiques nationaux

Si des progrès ont été accomplis au fil des ans pour renforcer l’égalité de genre dans le monde entier, des solutions plus efficaces et plus durables sont nécessaires pour répondre à l’impact unique du changement climatique sur les femmes et les filles et leur donner les moyens de mettre leurs connaissances et leurs compétences au service de l’action climatique.

Un nouveau rapport du PNUD examine quelques-unes des meilleures pratiques que les pays africains ont appliquées pour concevoir des actions climatiques sensibles au genre dans leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN). Voici quelques-uns des points saillants de cette étude :

1. Les politiques climatiques doivent être inclusives et tenir compte des questions de genre. En août 2023, 40 des 41 pays africains qui ont soumis des CDN actualisées y ont inclus des considérations de genre. Parmi ceux-ci, 25 pays africains ont inclus des actions tenant compte des questions de genre en lien avec l’adaptation, et 12 ont inclus des actions tenant compte des questions de genre en lien avec l’atténuation. Plusieurs pays d’Afrique ont également renforcé leurs cadres politiques et institutionnels afin de faire en sorte que leur action climatique tienne compte des questions de genre. Par exemple, le Nigeria a révisé sa Politique nationale relative à l’égalité des sexes en 2022 et a adopté un Plan national d’action sur le lien entre l’égalité des sexes et le changement climatique. Entre-temps, le Malawi a créé un Comité technique national sur le changement climatique, au sein duquel le ministère du Genre, du Développement communautaire et de la Sécurité sociale est représenté.

2. L’action climatique doit se concentrer sur ses impacts sur les femmes. De nombreux pays ont déjà traduit les engagements pris à travers leurs CDN en actions concrètes en utilisant une perspective de genre. Au Rwanda, par exemple, les femmes ont été formées à des technologies innovantes pour transformer les déchets organiques en gaz de cuisson et en bio-engrais. Cette initiative ne contribue pas seulement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, grâce à l’utilisation de moindres quantités de bois de chauffage et à la réduction de la quantité de fumée de cuisson dégagée, mais elle améliore également la vie des femmes en réduisant le temps consacré aux soins non rémunérés et aux travaux domestiques ainsi que les risques inhérents à la collecte et à la combustion du bois de chauffage.

3. L’inclusion permet de trouver des solutions plus efficaces. Le leadership des femmes dans l’action climatique est essentiel puisqu’il met en jeu leurs connaissances et leurs compétences uniques. Par exemple, dans les communautés rurales, les femmes sont souvent responsables de l’approvisionnement en eau de leur famille et ont donc acquis des années d’expérience pratique et une compréhension unique de l’évolution des régimes pluviométriques ainsi que des pratiques de récupération et de stockage de l’eau. Elles sont les mieux placées pour élaborer des stratégies d’adaptation efficaces, un facteur que de nombreux pays africains prennent de plus en plus en compte. En Somalie, des groupes de femmes ont participé, avec les leaders communautaires et les partenaires, à la conception de systèmes de gestion durable de l’eau qui ont amélioré la disponibilité en eau au sein de leurs communautés.

4. Le leadership féminin est un élément capital de l’action climatique. Pour que les femmes puissent jouer un rôle de premier plan dans l’action climatique, il faut qu’elles bénéficient d’un accès équitable aux ressources, à l’éducation et à la formation. Au Cameroun, des organisations de femmes, des experts de l’égalité des sexes et des décideurs politiques nationaux ont élaboré une feuille de route pour l’intégration transversale du genre dans la formulation de la stratégie nationale de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+). Dans le cadre de cette initiative, des femmes de cinq régions écologiques ont également été formées à la gestion forestière, ce qui a permis de lancer plusieurs projets pilotes dirigés par les femmes elles-mêmes, de renforcer les réseaux de femmes axés sur la gouvernance forestière et de protéger les droits fonciers. Un autre résultat de cette initiative fut la création d’un groupe de travail sur l’égalité des sexes et les forêts. Les femmes ont notamment gagné en représentation au sein des principaux organes et processus décisionnels, ce qui a permis de faire progresser l’action climatique tenant compte des questions de genre.

 

5. Les données ventilées par sexe sont indispensables pour suivre les progrès en matière d’égalité des sexes. Bien qu’il leur reste encore beaucoup à faire, les pays africains redoublent d’efforts pour respecter leurs engagements internationaux en matière de collecte de données ventilées par sexe dans le cadre du changement climatique. La Guinée est particulièrement avancée dans ce domaine. Ce pays a explicitement mentionné des indicateurs de suivi, de résultats et d’impact spécifiques au genre dans les mesures d’adaptation et d’atténuation de sa CDN révisée. Ces données faciliteront l’affectation de ressources visant à effacer les disparités entre les sexes, l’intégration de la dimension de genre dans les solutions à la crise climatique et les politiques publiques à venir, et l’orientation de la Stratégie nationale en matière de genre et de lutte contre le changement climatique qui doit être élaborée d’ici 2024. En Ouganda, un nouvel outil de mesure, de publication de données et de vérification a été conçu pour suivre l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre et les actions climatiques dans tous les secteurs avec des données ventilées par sexe. Le pays est désormais mieux équipé pour suivre et rendre compte efficacement des progrès accomplis en matière d’actions climatiques dans les secteurs de l’aménagement du territoire et de l’agriculture, dans lesquels travaillent une majorité de femmes, et pour favoriser l’égalité des sexes et la résilience dans tous les secteurs face aux effets du changement climatique.

Comme nous pouvons le voir, les pays africains prennent des mesures significatives pour renforcer leurs efforts en matière de lutte contre le changement climatique tout en mettant l’accent sur l’égalité des sexes et l’inclusion. Ces meilleures pratiques constituent des modèles précieux dont peuvent s’inspirer les nations du monde entier.

Le PNUD s’engage à poursuivre sa collaboration avec ses partenaires dans les pays africains et au-delà qui aident les femmes à accroître leur résilience face aux impacts du changement climatique et à être en mesure d’utiliser leurs précieuses connaissances et compétences dans le cadre de l’action climatique. Face à l’aggravation de la crise climatique, ces efforts sont essentiels pour faire naître un avenir plus équitable et plus durable pour toutes et tous.

Note de la rédaction : si vous avez trouvé ce blog utile, consultez notre rapport.