Le changement climatique est une question de justice – voici pourquoi

Texte explicatif
 justice climatique

Qu’est-ce que la justice climatique et pourquoi est-elle importante ?

La justice climatique signifie que l’équité et les droits humains sont au cœur de la prise des décisions et des mesures en matière de changement climatique.

La notion a été largement utilisée pour désigner la responsabilité historique inégale que les pays et les communautés portent entre eux pour ce qui concerne la crise climatique. Elle indique que les pays, les industries, les affaires et les personnes qui sont devenus riches en émettant de grandes quantités de gaz à effet de serre ont la responsabilité d’aider ceux touchés par le changement climatique, notamment les pays et les communautés les plus vulnérables, qui sont souvent ceux qui ont participé le moins à la crise.

La justice climatique comporte de nombreuses facettes. Nous donnons ci-dessous un aperçu de quelques-unes d’entre elles.

  • Inégalités structurelles : Même à l’intérieur du même pays, les impacts du changement climatique peuvent être ressentis de manière inégale en raison des inégalités structurelles fondées sur la race, l’origine ethnique, le genre et le statut socio-écologique. Les femmes sont plus gravement touchées par les impacts du changement climatique, car elles ont accès à moins de ressources pour s’adapter et faire face aux changements brusques qui se produisent. Les personnes handicapées sont exposées à un risque accru des effets néfastes du changement climatique, notamment des menaces pour leur santé, leur sécurité alimentaire et leur accès à l’eau comme source d’énergie, ainsi qu’à l’assainissement et aux moyens de subsistance, notamment dans les pays en développement. Les peuples autochtones, qui protègent 80 pour cent de la biodiversité mondiale, font face à des menaces et des risques croissants pour leur vie, leurs moyens de subsistance et leurs savoirs traditionnels.
  • Inégalités socio-économiques : Les impacts du changement climatique et les ressources nécessaires pour faire face aux impacts du changement climatique sont répartis de manière inégale à travers le monde. Les pays à faible revenu et les populations vulnérables de ces pays sont plus exposés aux pertes et dommages causés par le climat. À l’échelle mondiale, les 10 pour cent des ménages dont les émissions par habitant sont les plus élevées contribuent dans la proportion de 34 à 45 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre des ménages, tandis que les 50 pour cent les plus pauvres sont responsables de 13 à 15 pour cent de ces émissions.
  • Inégalité entre les générations : Les enfants et les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas participé de manière significative à la crise climatique, mais ils seront touchés de plein fouet par les impacts du changement climatique à mesure qu’ils avancent dans la vie. Parce que leurs droits humains sont menacés par les décisions des générations précédentes, leurs droits doivent être centrés sur toutes les décisions et mesures relatives au climat.

Pourquoi la justice climatique est-elle importante ?

Le changement climatique est une question de droits humains. Toute personne devrait avoir la faculté de vivre une vie dans la dignité. Cependant, la crise climatique entraîne des pertes de vies, de moyens de subsistance, de langues et de civilisation, exposant de nombreux humains à des pénuries de nourriture et d’eau et déclenchant des déplacements et des conflits.

La crise climatique fait également obstacle au droit à une bonne santé. La hausse des températures, la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes et la pollution de l’air et de l’eau amènent des impacts sanitaires importants, notamment du stress thermique, des épidémies, la malnutrition et les traumatismes subis au cours de catastrophes.

Les impacts sont plus graves pour les populations vulnérables qui ont des moyens limités pour s’adapter aux impacts du changement climatique. Entre 2010 et 2020, la mortalité humaine due aux inondations, aux sécheresses et aux ouragans était 15 fois plus élevée dans les régions très vulnérables, par rapport aux régions peu vulnérables.

La crise climatique a également des impacts sur le système éducatif d’un pays. Lorsque les températures sont trop élevées ou que des événements météorologiques extrêmes frappent, cela peut par exemple endommager les infrastructures et les institutions éducatives, menacer la capacité des parents à envoyer leurs enfants à l’école, ce qui a un impact sur l’avenir des jeunes générations.

La justice climatique est également un aspect important de la transition juste vers un avenir durable. Les communautés locales, surtout les travailleurs informels et d’autres populations vulnérables et marginalisées, peuvent être lésées dans cette transition si elles ne sont pas protégées et consultées. Par exemple, les violations des droits humains liées à l’exploitation minière des minéraux nécessaires à la production de batteries pour les voitures électriques suscitent des préoccupations croissantes.

Actuellement, ceux qui ont le moins participé à la crise climatique sont touchés de manière disproportionnée par elle. La justice climatique pousse à penser que les responsabilités dans la lutte au changement climatique devraient être réparties en fonction de ceux qui participent le plus au problème, tout en s’attaquant aux inégalités systémiques, socio-écologiques et intergénérationnelles qu’il provoque.
 

Quels sont les obstacles à la réalisation de la justice climatique ?

Les pays et les communautés doivent faire face à de nombreux défis sur la voie vers la justice climatique.

Un obstacle est le manque de transparence et d’inclusion dans les négociations et les plans sur le climat. La voix des femmes, des jeunes, des peuples autochtones et des groupes marginalisés fait partie intégrante de l’avenir de notre planète, et il est essentiel qu’ils aient accès à des plateformes où ils peuvent participer aux prises de décision et à la mise en œuvre de politiques et de plans. Cependant, les voix sous-représentées peuvent également être victimes de mesures de pure forme, ce qui signifie qu’elles sont parfois incluses dans le but de les faire paraître intégrées mais qu’elles n’ont que des rôles marginaux à remplir ou manquent d’autonomie.

Un autre obstacle est le manque d’accès à l’éducation et aux ressources sur l’environnement, le changement climatique et les droits humains. Cela empêche les personnes, souvent celles qui sont les plus touchées par le problème, d’établir les contacts nécessaires et de participer aux discussions politiques qui comptent. Les barrières linguistiques peuvent souvent poser un défi aussi, surtout pour les communautés locales et les peuples autochtones qui participent aux prises de décisions et aux négociations.

Dans de nombreux pays, pour avoir exigé des droits environnementaux et la justice, les militants et les défenseurs de l’environnement font face à des répercussions dangereuses pour eux. Ils sont susceptibles d’être emprisonnés, menacés ou soumis à la violence, à des disparitions forcées ou même à une élimination physique. Cela crée un environnement dangereux pour les défenseurs qui veulent se présenter et exiger que justice soit faite.

Au niveau mondial, les pays plus vulnérables ont plaidé pour un soutien financier et technique accru de la part des pays riches pendant des décennies. Bien que des progrès aient été réalisés récemment sur le financement potentiel des pertes et des dommages encourus, de nombreuses estimations sont parvenues à la conclusion que les pays riches n’ont pas encore atteint l’engagement politique annuel de financement climatique de 100 milliards de dollars, qui a été convenu en 2009 et devait commencer en 2020. Les pays travaillent déjà à l’élaboration d’un nouvel objectif annuel négocié, car la cible existante n’est pas adéquate ou fondée sur une base scientifique, et les besoins en financement augmentent chaque année pour faire face à un réchauffement climatique croissant.

Comment le PNUD aide-t-il les pays à s’attaquer aux problèmes de justice climatique ?

Depuis longtemps déjà, le PNUD travaille avec les pays sur le renforcement de l’état de droit, des droits humains et de l’accès à la justice, y compris sur les questions de justice environnementale et climatique, telles que la réforme des constitutions, le droit à un environnement propre, sain et durable et d’autres droits humains liés à l’environnement. Le PNUD a également soutenu l’élaboration et la mise en œuvre de lois et de politiques sur l’environnement et le changement climatique, ainsi que sur l’accès à l’information, la participation du public et la justice sur les questions environnementales.

De plus en plus de pays tiennent compte des droits humains dans leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN). Par le biais de l’initiative Climate Promise, le PNUD travaille à faire de la révision des CDN dans le cadre de l’Accord de Paris un processus plus inclusif, fondé sur les droits. Sont comprises des orientations pour travailler avec les jeunes de manière significative et faire progresser l’égalité des sexes dans les plans d’action pour le climat. Le PNUD s’efforce également de s’assurer que les peuples autochtones sont inclus dans le processus de CDN.

De nombreux pays prennent des mesures pour amener la justice au centre des questions environnementales et climatiques.

Quelques exemples de progrès réalisés de par le monde :

Le Viet Nam travaille avec le secteur des affaires à la mise en œuvre des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits humains.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, le Panama et l’Argentine travaillent à l’accès à l’information et à la justice, ainsi qu’à la participation du public au dialogue public et politique sur l’environnement, y compris leur engagement dans l’Accord d’Escazú – le premier traité contraignant au monde traitant des droits humains environnementaux – qui est récemment entré en vigueur.

Le PNUD au Liban renforce la capacité du ministère de l’Environnement de ce pays en matière d’élaboration de politiques environnementales à travers des lois, des règlements et d’autres mécanismes politiques.

La Turquie dispense une formation à de jeunes avocats sur la justice climatique pour les éduquer sur la façon de protéger les droits des personnes et des communautés menacées par le changement climatique et sur la façon d’inciter les gouvernements et les entreprises à adopter des politiques et des pratiques plus respectueuses du climat.

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Quel est l’avenir de la justice climatique ?

Les voix et les demandes des communautés et des groupes vulnérables sont de plus en plus prises en compte à l’agenda international. Des militants descendent dans les rues à travers le monde pour exiger du changement. Les jeunes leaders climatiques ont été une force puissante pour attirer l’attention sur les questions de justice climatique intergénérationnelle.

En 2022, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré que l’accès à un environnement propre, sain et durable est un droit humain universel. La déclaration tient compte du fait que l’impact du changement climatique, la gestion et l’utilisation non durables des ressources naturelles, la pollution de l’air, des terres et de l’eau, la gestion malsaine des produits chimiques et des déchets et la perte de biodiversité qui en résulte interfèrent avec la jouissance effective de tous les droits humains. L’on s’attend à ce qu’elle soit un catalyseur d’action et qu’elle donne aux gens ordinaires les moyens de tenir leurs gouvernements responsables.

Prenant acte de l’appel lancé par les enfants et les jeunes du monde entier, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a souligné le droit des enfants à jouir d’un environnement sain en mettant l’accent sur le changement climatique. Plus de 16 000 enfants ont été associés au processus de rédaction, et le document final a clarifié les obligations des pays et du secteur des affaires.

Les petits États insulaires en développement ont également été à l’avant-garde du plaidoyer pour la justice climatique dans les négociations. En mars 2023, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution historique demandant à la Cour internationale de Justice de fournir un avis consultatif sur les obligations des pays à l’égard du changement climatique. Issue d’une idée des étudiants du Pacifique, la résolution a été présentée par l’État insulaire de Vanuatu dans le Pacifique, et soutenue par un groupe de 17 pays. Elle demande à la Cour de donner un avis sur les obligations des pays en vertu du droit international visant à assurer la protection du « système climatique de la planète ». La résolution demande également un avis sur les répercussions juridiques des dommages importants causés au système climatique, notamment pour les petits États insulaires et les personnes des générations présentes et futures.

De manière générale, le nombre de litiges climatiques est également à la hausse. Les citoyens, les jeunes et les communautés traduisent de plus en plus les gouvernements et les entreprises en justice afin de s’attaquer aux méfaits et injustices liés au climat et à l’environnement auxquels ils font face.

À la COP27, une décision historique relative à de nouvelles dispositions de financement, y compris un nouveau fonds, a été prise pour aider les pays et les communautés vulnérables à faire face aux pertes et dommages causés par le climat. Cela aidera à fournir des financements nouveaux et supplémentaires spécifiquement pour faire face aux pertes et dommages causés à celles et ceux les plus touchés.

Il est clair que la pression en faveur de la justice climatique ne fera que s’amplifier au fur et à mesure que le temps passe et que les impacts du changement climatique deviennent plus prononcés.

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