Comprendre la valeur de l'eau pour le développement durable

Articles de blog
Pin to Areas of Work
Off
Des bateaux au Ghana

L'eau est le nerf de la guerre dans le combat mené pour créer des économies résilientes et sobres en carbone, et mieux reconstruire et se remettre des impacts du COVID-19. L'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous, qui est l'Objectif 6 des Objectifs de développement durable (ODD), contribue à la réalisation de la plupart des ODD.

Pourtant, 785 millions de personnes dans le monde manquent toujours d'eau potable. Parmi elles, 490 millions vivent en Afrique subsaharienne, principalement dans les zones rurales. Au Ghana, bien que le pays ait fait des progrès significatifs pour garantir l'accès à l'eau potable, près de trois millions de personnes dépendent de l'eau de surface pour leurs besoins quotidiens. Cela les rend vulnérables aux maladies hydriques’. Le récent rapport d’analyse environnementale du Ghana (en anglais) indique que le coût de la dégradation de l'environnement due à la pollution de l'eau équivaut à 3 % du PIB.

Valoriser l'eau était le thème de la Journée mondiale de l'eau de cette année. Ce qui est pertinent, de nombreuses communautés ayant du mal à maintenir le niveau élevé d'hygiène requis pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Apprécier la vraie valeur de l'eau nous incitera à agir pour protéger cette ressource vitale pour le bénéfice de tous.

La disponibilité de l'eau diminue au fil du temps et la crise de l'eau est le cinquième risque le plus élevé pour la société selon l'édition 2020 du rapport sur les risques mondiaux du Forum économique mondial. Le rapport d'examen national volontaire du Ghana (en anglais) sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 révèle que la disponibilité en eau par habitant a diminué mais reste supérieure au seuil de stress hydrique (1700 m3 par habitant). Cependant, le changement climatique pourrait affecter de manière significative la disponibilité des ressources en eau, en particulier dans la zone écologique de la savane du nord.
Au cours de cette Décennie d'action qui nous mène à  l’Agenda 2030, la valorisation des multiples usages de l'eau, de l'agriculture à la production d'électricité, des transports, de l'industrie, de l'utilisation domestique aux écosystèmes, à la pêche et aux moyens d’existence, contribuera à transformer cette crise imminente en une opportunité pour faire avancer le développement durable. Il y a trois raisons d’être optimistes.

Une dynamique croissante pour une gouvernance et une planification intégrées des ressources hydriques

L’influence que peuvent avoir la planification améliorée et la gouvernance intégrée des ressources en eau pour favoriser la résilience climatique est de plus en plus reconnu. Les cadres réglementaires efficaces et les outils de gestion et de protection des ressources en eau contribuent à améliorer la sécurité hydrique. La sensibilisation et l'éducation du public à la gestion des ressources en eau se développent également. Il en va de même des améliorations de la coopération transfrontalière et internationale dans la gestion des ressources en eau partagées. Cependant, des lacunes subsistent dans ces plans ambitieux. Les activités de nombreux mineurs d'or illégaux à petite échelle (les « galamsayers », dont les moyens d’existence dépendent de l'exploitation minière) épuisent les plans d'eau et augmentent le coût de l'eau potable. Protéger ces ressources nécessite de répondre aux besoins de l'exploitation minière à petite échelle sans compromettre la réalisation des ODD, en particulier l'ODD 6.

Des plans climatiques ambitieux riches en opportunités

Le Ghana met à jour sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour accroître son ambition dans le cadre de son engagement au titre de l'Accord de Paris sur le changement climatique. La mise à jour continue est l'occasion d'assurer une gestion durable de l'eau. Cela doit garantir des systèmes d'irrigation et de drainage efficaces, la gestion des bassins, le recyclage et la réutilisation des eaux usées et la récupération des eaux de pluie dans les plans climatiques du Ghana pour un développement plus inclusif, résilient et à faible émission de carbone.

Une transition vers les énergies renouvelables réduira la pression sur les ressources en eau disponibles face au changement climatique. La mise en œuvre efficace du Plan directeur sur les énergies renouvelables du Ghana (en anglais), élaboré par le gouvernement avec le soutien du PNUD, favorisera le transfert des riches ressources énergétiques renouvelables du Ghana vers une économie à faible émission de carbone.

Assurer l'égalité de genre dans la gestion des ressources en eau est un investissement intelligent

Aborder l'impact différencié du changement climatique sur les femmes et les hommes ouvre de nouvelles opportunités pour libérer du temps pour une utilisation plus productive. Selon le Service des statistiques du Ghana, 21 pour cent des femmes, contre 17 pour cent des hommes, passent environ une à trois heures par jour à aller chercher de l'eau potable lorsqu'elles n'en ont pas chez elles. Dans les zones sujettes à la sécheresse et touchées par la désertification, en particulier dans le nord du Ghana, les femmes et les filles passent en moyenne 43,5 heures par semaine à se procurer de l'eau pour l'agriculture. Les enseignements tirés du projet d'adaptation au climat soutenu par le gouvernement et le PNUD, financé par le Fonds d'adaptation, ont montré que les investissements dans les infrastructures hydrauliques peuvent réduire le fardeau des femmes et des filles. Le projet, qui a fourni 145 forages dans 50 communautés, profite à plus de 40 000 personnes, principalement des femmes et des enfants en raison de leurs rôles dans la collecte et l'utilisation de l'eau.

Perspectives

La valeur que l'eau fournit est le cordon qui relie « les gens, la planète et la prospérité ». Ainsi, la gestion non durable des ressources en eau conduit à la destruction de la planète dont dépendent les gens et, en fin de compte, de notre prospérité collective. Le rapport récent du PNUD sur le développement humain intitulé ‘La prochaine frontière : Le développement humain et l'Anthropocène’ affirme qu'alors que les hommes et la planète entrent dans une nouvelle ère géologique, l'Anthropocène, ou l'ère des humains, il est temps pour tous les pays de repenser leur chemin vers le progrès en tenant pleinement compte des pressions dangereuses que les humains exercent sur la planète. La planète ne peut pas survivre sans eau et cela nécessite des investissements dans les infrastructures hydrauliques.

À cet égard, la nouvelle carte (en anglais) des investisseurs pour les ODD du PNUD pour le Ghana a identifié des opportunités d'investissement dans des domaines clés, notamment les services d'assainissement, pour les zones non desservies. La carte fournit également des informations commerciales sur les opportunités d'investissement dans la fourniture de systèmes solaires d'irrigation et de barrages hydrauliques abordables. Ceux-ci mettent en évidence les opportunités émergentes pour le gouvernement, le secteur privé et les citoyens de faire progresser le développement en valorisant l'eau. La protection de cette ressource précieuse et la récupération des masses d'eau détruites par une utilisation non durable offrent des opportunités d'investissement importantes pour les investisseurs privés dans le secteur de l'eau.

La gouvernance de l'eau doit être renforcée à tous les niveaux (local, régional et national) pour assurer un approvisionnement fiable en eau pour les usages prioritaires, en particulier pour les usages domestiques et l'agriculture pour éviter les mauvaises récoltes potentielles.

Nous ne pouvons pas vivre sans eau : nous avons besoin de plans d'eau propres et sûrs et les citoyens ont un rôle important à jouer. En changeant les comportements, les gens peuvent être la clé d'un environnement sain et d'une vie saine pour tous.   

Note de la rédaction : Cet article a été publié à l'origine dans ModernGhana.

Le Programme d’appui aux CDN du PNUD est financé par l’Union européenne et les gouvernements allemand et espagnol, en tant que contribution au Partenariat pour les CDN.