
Photo: PNUD Senegal
Ces dernières années, l’énergie a occupé une place prioritaire dans l’agenda national du Sénégal. Le pays a réalisé des progrès significatifs en matière d’accès à l’électricité, qui est ainsi passé de 39 pour cent en 2001 à 74 pour cent en 2023, soit l’une des progressions les plus rapides du continent africain. Parallèlement, un quart de l’électricité du pays provient désormais de sources renouvelables telles que le solaire, l’hydroélectricité et l’éolien.
Dans le même temps, le Sénégal a été confronté aux impacts croissants du changement climatique. La hausse des températures et l’élévation du niveau de la mer ont bouleversé des vies, détruit des habitations et réduit la disponibilité des terres arables et de l’eau. Des régimes de précipitations perturbés ont menacé les moyens de subsistance, tandis que des sécheresses récurrentes et des risques d’inondations sans précédent ont exercé une pression supplémentaire sur les communautés vulnérables et les infrastructures. Selon des estimations récentes, sans mesures d’adaptation, ces impacts pourraient entraîner une contraction du PIB du pays de 9,4 pour cent d’ici 2050.

Si le Sénégal affiche l'un des taux d'électrification les plus élevés d'Afrique de l'Ouest, d'importantes disparités subsistent entre les ménages. Photo : PNUD Sénégal

Le Sénégal est situé à l'extrême ouest de l'Afrique, le long de la côte atlantique. Photo de l'Afrique du Sud : Ugochukwu Kingsley Ahuchaogu / PNUD WACA
En réponse à ces défis grandissants, le Sénégal a adopté une stratégie nationale inclusive, identifiant le secteur énergétique comme un levier essentiel pour renforcer la résilience à long terme. Cet engagement se reflète dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), qui fixe des objectifs précis en matière d’énergie durable et qui est actuellement en cours de révision, avec le soutien du PNUD.Cette ambition s’inscrit également dans la Lettre de Politique de Développement du Secteur de l’Énergie (LPDSE) 2025–2029, qui vise à atteindre l’accès universel à une énergie abordable, fiable et durable.
Dans cette logique, le gouvernement prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 40 pour cent du mix énergétique d’ici 2030, grâce notamment à l’appui du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP) et aux investissements attendus du secteur privé.
Le Sénégal bénéficie d’un fort potentiel en matière d’énergie solaire, avec environ 3 000 heures d’ensoleillement par an. En 2023, l’énergie solaire représentait 47,4 pour cent du portfolio national des énergies renouvelables, suivie par l’hydroélectricité et l’éolien.
Connaître la capacité installée en énergies renouvelables du Sénégal dans les foyers et entreprises
À l’heure où l’accélération des progrès est essentielle pour atteindre les objectifs du Sénégal en matière de climat et d’énergie, une enquête nationale menée récemment apporte un éclairage précieux sur la situation des énergies renouvelables dans le pays, en s’intéressant aussi bien aux ménages qu’au secteur privé.
L’enquête met en lumière des disparités dans la capacité solaire installée entre les ménages urbains et ruraux : les zones rurales concentrent 3 957 kilowatts, contre seulement 268 kilowatts en milieu urbain.
Cet écart reflète les différences dans la manière dont l’énergie solaire est déployée et utilisée à travers le pays. Dans les zones rurales, les systèmes solaires sont souvent installés au moyen de solutions décentralisées telles que les systèmes solaires domestiques et les mini-réseaux, qui sont essentiels pour les communautés situées loin du réseau national. En revanche, les ménages urbains sont plus susceptibles d’être raccordés au réseau centralisé.
Aujourd’hui des régions comme Ziguinchor, Sédhiou, Louga, Thiès et Fatick affichent les capacités solaires les plus élevées parmi les ménages engagés dans des activités génératrices de revenus, soulignant le rôle croissant de l’énergie solaire comme moteur d’autonomisation économique locale et, en définitive, de développement rural.

L'accès limité aux équipements et le manque de financement sont des obstacles majeurs au développement de l'énergie solaire au Sénégal. Photo : PNUD Sénégal

Les petites et moyennes entreprises représentent près de 90 pour cent des entreprises au Sénégal. Photo : PNUD Sénégal
L’enquête identifie également plusieurs obstacles à une adoption plus large de l énergie solaire en milieux urbain et rural. Près de la moitié des ménages interrogés citent le manque d’accès aux équipements et le déficit de financement comme principaux freins. D’autres difficultés concernent l’installation, l’exploitation et la maintenance des systèmes, particulièrement dans les zones rurales où les coûts sont souvent plus élevés et les contraintes logistiques plus importantes.
Des défis similaires freinent aussi l’investissement du secteur privé, qui reste limité malgré les opportunités économiques et d’emploi qu’offrent les énergies propres en réduisant les coûts énergétiques des entreprises. À ce jour, seules 1 085 entreprises — soit 6,7 pour cent de l’ensemble, ont installé des systèmes solaires, principalement de grandes entreprises du secteur formel.
Les petites et moyennes entreprises, qui dominent pourtant le tissu économique, représentent donc un gisement important et encore largement inexploité pour la transition énergétique. Fait encourageant, 58 pour cent des entreprises interrogées prévoient d’installer des équipements solaires dans les années à venir, et beaucoup s’intéressent également aux technologies d’efficacité énergétique. Cependant, elles ont partagé leurs préoccupations liées au coût élevé des équipements et de leur installation, au manque d’information sur les options de financement, et à la qualité des systèmes disponibles.
Afin de tirer pleinement parti de cette transition, il sera essentiel de lever ces barrières, notamment en améliorant l’accès à des composants et des matières premières de qualité dans les zones moins desservies, en réorientant les subventions énergétiques pour favoriser le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables, et en intensifiant les investissements dans les infrastructures, les technologies et le capital humain liés aux énergies renouvelables, tout en veillant à ce que les entreprises nationales et les travailleurs bénéficient de cette transition.

Le Sénégal abrite un nombre croissant de startups, dont certaines sont spécialisées en solutions d'énergie renouvelable. Photo : PNUD Sénégal

Au Sénégal, les femmes jouent un rôle majeur dans l'entrepreneuriat à petite échelle et pourraient grandement bénéficier de l'accès à l'énergie renouvelable. Photo : PNUD Sénégal
Libérer de nouvelles opportunités en matière d’énergies renouvelables
Le Sénégal a déjà mis en place plusieurs mesures pour encourager l’investissement dans les énergies renouvelables. Parmi celles-ci : l’exonération stricte de TVA sur les équipements, l’achat d’électricité issue de sources renouvelables à des prix compétitifs par la compagnie nationale d’électricité, ou encore le déploiement de fermes solaires, de parcs éoliens et de mini-réseaux dans les zones rurales.
Un autre pas important a été franchi avec la publication d’un recueil du Code de l’électricité. Ce document, réalisé avec l’appui du PNUD, a été conçu à destination des décideurs, des investisseurs, des techniciens et des citoyens et clarifie les règles qui régissent le secteur de l'électricité, facilitant ainsi la mise en œuvre des réformes et accélérant la transition énergétique..
Ces avancées font suite à une évaluation des risques réalisée en 2024, également avec le soutien du PNUD, pour identifier les freins à l’investissement privé dans les solutions d’énergie renouvelable hors réseau.
Mener des solutions énergétiques propres et inclusives
Dans la poursuite de sa transition énergétique, qui a aussi pour objectif de faciliter l’atteinte de l’accès universel à l’énergie, le Sénégal place la population au centre de sa nouvelle économie énergétique. Avec l’appui du PNUD, des initiatives favorisant l’accès aux énergies renouvelables et générant des revenus commencent à transformer la vie des communautés, en particulier celle des femmes qui manquent souvent d’accès a l’électricité pour développer leurs activités.

Les écosystèmes singuliers du Sénégal sont affectés de manière croissante par les effets du changement climatique. Photo : Ugochukwu Kingsley Ahuchaogu / PNUD WACA

Les solutions d'énergie renouvelable telles que l'éclairage public solaire contribuent à l'autonomisation des communautés locales et à la création d'emplois verts. Photo : PNUD Sénégal
Sur l’île isolée de Djogué, en Casamance, l’installation d’unités d’éclairage public solaire permet désormais aux femmes transformatrices de poisson de travailler en toute sécurité le soir et de dynamiser l’économie locale. À Ziguinchor et Bignona, l’électrification solaire soutient également des micro- et petites entreprises dirigées par des femmes dans la transformation de produits forestiers, de céréales et de lait. Ces entreprises, qui étaient auparavant pénalisées par des coûts énergétiques élevés et un accès instable au réseau national, voient désormais leur productivité et les opportunités d’emploi local augmenter avec l’introduction de l’énergie solaire distribuée. Le PNUD soutient ces efforts en fournissant également des équipements modernes pour la transformation, la conservation, l’emballage et le transport.

Sur l'île de Diogué, l'accès à l'énergie renouvelable change la vie des femmes transformatrices de produits de la pêche, et des communautés locales. Photo : PNUD Sénégal

Les séchoirs solaires accélèrent la transformation des produits de la pêche artisanale et contribuent à accroître les ventes dans les villages voisins et au-delà. Photo : PNUD Sénégal
Mesurer et piloter les progrès
Évaluer l’impact des politiques énergétiques nécessite davantage de transparence, permise par des outils et des cadres institutionnels bien conçus qui rendent possibles des évaluations exhaustives et intersectorielles. Dans cette optique, le Sénégal a commencé à déployer un système numérique de suivi, de rapportage et de vérification des progrès, basé sur le Climate Transparency System en accès libre du PNUD.
En effet, en centralisant la collecte et la gestion des données énergétiques de différents secteurs et ministères, ce système offre une vision consolidée des progrès réalisés au niveau national, tout en garantissant des rapports conformes aux standards internationaux, tels que les Rapports Biennaux de Transparence (BTR), les Rapports Nationaux d’Inventaire (NIR) des émissions de gaz à effet de serre, ou encore les Rapports Biennaux Actualisés (BUR).
L’expérience du Sénégal démontre qu’il est possible pour les pays africains de développer simultanément l’accès à l’énergie et un modèle de croissance à faibles émissions de carbone. Avec un engagement politique fort, une mobilisation citoyenne active et des investissements judicieux, ces pays peuvent tracer la voie vers un avenir plus durable et prospère.
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Cette enquête nationale sur les énergies renouvelables et les documents associés ont été développés dans le cadre de l’initiative Climate Promise du PNUD, via le programme Pledge to Impact.
Ce programme, mené en collaboration avec de nombreux partenaires, a soutenu plus de 120 pays dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris, avec le soutien généreux des gouvernements d’Allemagne, du Japon, du Royaume-Uni, de la Suède, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Islande, des Pays-Bas, du Portugal et d’autres contributeurs clés. Ce programme sous-tend la contribution du PNUD au Partenariat pour les Contributions déterminées au niveau national.
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