Un futur zéro émission nette se dessine à la suite de la COP26 - mais comment y parvenir à temps?

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Un agriculteur au Bénin
Photo: UNDP Benin
Penser et agir avec des perspectives à court et à long terme est essentiel pour atteindre l'objectif net zéro.

À l'approche de la 26ème conférence des Parties (COP26) à Glasgow, la réunion a été considérée par de nombreux observateurs comme la dernière chance de faire face à la crise climatique.

Presque tous les pays du monde se sont engagés dans ce grand événement. 120 chefs d'État et de gouvernement se sont rendus sur place. Plus de 39 000 participants (en anglais), médias inclus, se sont inscrits. Les négociateurs de près de 200 pays - grands et petits, développés et en développement - ont travaillé sans relâche pour parvenir à un consensus sur des questions complexes allant des subventions aux combustibles fossiles, et des marchés du carbone à la finance climat et à la transparence. Parallèlement, à l'intérieur et à l'extérieur des salles, des représentants de la société civile, des ONG, des jeunes et des entreprises se sont ralliés pour participer aux discussions. Malgré les défis persistants liés à la COVID-19, il s'est véritablement agi d'un événement mondial.

Sans surprise, et du fait sans doute des attentes élevées, le résultat a été mitigé et, au final, la conférence a été considérée comme une « victoire fragile », avec le Pacte climatique de Glasgow (en anglais) qui préserve pour le moment l’objectif mondial de 1,5 °C. 

Beaucoup ont été profondément déçus, mais il est important de se souvenir et de se concentrer sur les mesures cruciales et progressives qui ont été prises. 

Toute une série de solutions sont désormais à notre disposition pour tenter de freiner le réchauffement de la planète et de stabiliser le climat. Mais en définitive, nous sommes confrontés à une équation simple : nous devons veiller à ne pas émettre dans notre atmosphère plus de gaz à effet de serre qu'il n'est possible d'en absorber.

L'élan vers le net zéro

Nous sommes conscients depuis un certain temps que nous ne disposons que de quelques précieuses années pour équilibrer cette équation. En 2015, l'Accord de Paris a introduit un langage autour de cette nécessité même, avec l'article 4 engageant les parties à atteindre « un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions par les puits de gaz à effet de serre dans la seconde moitié du siècle » - en d'autres termes, en faisant référence aux tendances d'émissions « nettes zéro » et de neutralité carbone.

Depuis Paris, la dynamique s'est accélérée. À la fin de l'année 2019 (en anglais), seuls 67 pays avaient annoncé des engagements de zéro émission nette ou de neutralité carbone. Désormais, 136 pays ont franchi le cap, dont des centaines de villes et d'entreprises.

Un certain nombre de pays grands émetteurs ont officiellement entamé ce changement. Dans l'une des annonces les plus remarquables de la COP26, l'Inde a fait part de son intention de parvenir à des émissions nettes zéro d'ici 2070. La Chine, qui est également l'un des pays en développement les plus peuplés du monde, s'est déjà engagée à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. La Turquie prévoit d'atteindre des émissions nettes zéro de carbone  d'ici 2053. D'autres grands émetteurs, comme l'Union européenne (en anglais), le Brésil et les États-Unis, ont formalisé leur engagement à atteindre des objectifs d’ émissions zéro d'ici à 2050. 

Ces démarches sont encourageantes. Toutefois, nous devons également garder à l'esprit que les engagements sont une chose, et que la manière dont les pays y parviennent en est une autre.

Un agriculteur en Biélorussie
Même destination, voies différentes 

Pour atteindre l'objectif « zéro émission nette», il est essentiel de penser et d'agir dans une perspective à la fois de court et de long termes. En d'autres termes, les pays doivent passer à l'action dès maintenant, tout en gardant à l'esprit l'objectif à long terme d'émissions nettes zéro d'ici le milieu du siècle.

En ce qui concerne la fixation des objectifs à long terme, les gouvernements adoptent des approches différentes.

Selon l'une de ces approches, adoptée par de nombreux grands émetteurs déjà mentionnés, le gouvernement national annonce des plans pour atteindre l’objectif de zéro émission nette à une date précise. Cela peut prendre la forme d'une annonce publique par le dirigeant du pays, suivie de l'élaboration et de la publication d'un document politique officiel, tel qu'une stratégie de développement à long terme à faible taux d'émission (dans le jargon, une SEDT ou LTS (en anglais).

Les objectifs (une année et un objectif de réduction des émissions spécifiquement définis) étant fixés à un niveau politique aussi élevé, le secteur privé et d'autres groupes commencent à planifier leur transition. La certitude permet aux entreprises d'adapter leurs propres stratégies et d'investir dans des technologies propres et des approches respectueuses du climat, tandis que les autorités infranationales peuvent planifier au niveau local. Entre-temps, la société civile peut également plaider en faveur d'une action plus ambitieuse. 

L'inconvénient de cette approche est qu'au moment où l'annonce est faite, il n'y a souvent pas d'activités ni d'étapes claires permettant de mesurer les progrès accomplis, de sorte qu'elle peut être considérée comme un moyen de reporter l'action - alors qu'en réalité, nous avons besoin de changement beaucoup plus rapides.

Une autre approche veut que le gouvernement travaille avec les parties prenantes pour analyser ses politiques et ses ressources, prévoir le développement de son pays dans différentes conditions, puis parvenir à un chiffre à long terme pour ses émissions futures, qui se reflète dans sa stratégie à long terme. 

Dans cette approche, adoptée par la Macédoine du Nord et l'Ukraine (en anglais) dans leur Stratégie à long terme, les chiffres finaux de l'engagement climatique à long terme peuvent sembler moins audacieux qu'un objectif global de « zéro émission nette d'ici 2050 ». Cependant, ils sont peut-être aussi plus réalistes, car ils reflètent les résultats d'un large débat impliquant tous les participants au processus. En outre, les objectifs climatiques ont tendance à évoluer : l'Ukraine par exemple, a soumis sa LTS en 2018, et a ensuite introduit en 2021 un engagement à atteindre la neutralité carbone à l'échelle de l'économie d'ici 2060

Par ailleurs, certains pays fixent leurs objectifs d’émission nette zéro secteur par secteur, se rapprochant progressivement de la neutralité carbone à l'échelle de l'économie. Prenons par exemple le petit État insulaire en développement du Pacifique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En 2014, le pays a présenté sa Politique nationale de gestion du développement compatible avec le climat, avec pour objectif de devenir neutre en carbone d'ici 2050. Dans sa deuxième CDN, soumise en décembre 2020, le pays s'est engagé à atteindre la neutralité carbone dans le sous-secteur de l'énergie d'ici 2030. Il est logique de penser que d'autres secteurs seront inclus à leur tour. 

Ceci n'est que le début

Quelle que soit la stratégie choisie par le gouvernement, ces engagements initiaux ne sont que le début du parcours vers le net zéro. Les pays doivent également établir un lien entre les objectifs et les activités climatiques à long et à court termes - les grands objectifs doivent être décomposés en actions spécifiques et reflétés dans des plans à court et moyen termes tels que les Contributions Déterminées au niveau National. En outre, grâce à des examens périodiques, les pays doivent avancer progressivement leurs objectifs à long terme, afin d'atteindre le net zéro le plus tôt possible.

En fin de compte, nous assisterons à un renforcement des ambitions à mesure que les technologies deviennent disponibles, que des mécanismes de coopération bilatéraux et internationaux sont établis et que les parties prenantes s'engagent plus activement. 

Alors que les pays intensifient leurs actions en vue de la COP27 en Égypte, l'un des principaux domaines à surveiller est celui des ambitions nettes zéro. Espérons simplement que nous agirons à temps. 


La Climate Promise du PNUD aide 120 pays - dont 40 pays les moins avancés, 28 petits États insulaires en développement et 14 grands émetteurs - à renforcer leurs Contributions Déterminées au niveau National dans le cadre de l'Accord de Paris, y compris leurs efforts pour atteindre le net zéro et le développement de Stratégies à long terme. Mise en œuvre en collaboration avec une grande nombre de partenaires variés, il s'agit de la plus grande offre de soutien au monde pour le renforcement des engagements climatiques.