Les sources d'eau disparaissent. Comment nous adapter ?

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Boire de l'eau potable dans la communauté de Khojamet, Ouzbékistan.
Boire de l'eau potable dans la communauté de Khojamet, Ouzbékistan. Photo: Arslan Kannazarov / PNUD Ouzbékistan
Comment 3 pays s'attaquent à la crise de l'eau et soutiennent leurs engagements climatiques nationaux

Note: Cet article a été publié initialement sur Modern Diplomacy (en anglais).

Si les forêts, qui absorbent chaque année deux fois plus de carbone qu'elles n'en émettent, sont les « poumons » de notre planète, nous pouvons dire de l'eau qu'elle est le « système nerveux » central de la Terre. Elle soutient en effet la chaine de la vie dans l'ensemble de nos territoires et est vitale pour l'agriculture, les écosystèmes et l'humanité elle-même. 

Ce « système nerveux », déjà soumis à une intense pression anthropique, est très vulnérable au changement climatique. La hausse des températures a pour conséquence à la fois des inondations et des sècheresses prolongées, alors que les conditions météorologiques extrêmes engendrent des modifications irréversibles des conditions hydrologiques de la planète (fonte des glaciers, débits fluviaux, dégradation de la qualité de l'eau dans le monde entier). 

Ce qui est moins évident concernant l'impact du changement climatique sur le secteur de l'eau, c'est son effet de ricochet sur d'autres domaines : récoltes et utilisation des terres, élevage, activités industrielles, aménagement du littoral, santé, etc. La disparition des sources d'eau, par exemple dans des pays sans accès à la mer tels que l'Ouzbékistan, le Bhoutan et la Zambie, aura des conséquences dévastatrices sur la viabilité de l'agriculture, la sécurité alimentaire et la production d'énergie. 

C'est pourquoi nous travaillons, par le biais de l'équipe Adaptation au changement climatique du PNUD, à relier les processus des Plans nationaux d'adaptation (PNA) des différents pays à leurs plans climatiques nationaux ou à leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris. Un des aspects principaux de ces synergies consiste à s'assurer que les activités menées aux termes du PNA alimentent et soutiennent les livrables décrits dans la CDN du pays.

Les PNA sont des processus nationaux visant à renforcer la capacité d'adaptation d'un pays aux impacts du changement climatique. Ils sont souvent organisés par secteur. L'eau étant essentielle au fonctionnement des sociétés humaines et de la plupart des secteurs économiques, elle est de fait un connecteur unique pour l'élaboration d'approches intersectorielles. Les exemples présentés ci-dessous expliquent comment les pays intègrent les considérations relatives à l'eau à leurs PNA et, ce faisant, peuvent utiliser ce travail pour atteindre les objectifs exposés dans leurs CDN. 

La mer d'Aral
L'utilisation non durable des ressources naturelles de la mer d'Aral a entraîné le pire rétrécissement depuis les années 1960. La mer est maintenant à 10% de sa taille d'origine, avec des effets désastreux sur l'environnement et l'économie de la région. Photo : PNUD Ouzbékistan

La mer d’Aral en Ouzbékistan

L'Ouzbékistan a déjà dû faire face à de graves problèmes en termes de pénurie d'eau, de salinité des sols et d'érosion. Alors qu'elle a été la quatrième plus importante masse d'eaux continentale, la Mer d'Aral continue à disparaitre à un rythme alarmant, avec une perte de 80 % de son volume et de 64 % de sa profondeur au cours des quatre dernières décennies. En décembre 2020, l'Ouzbékistan a reçu un financement de 1,6 million USD du Fonds vert pour le climat (FVC) afin de lancer, avec le soutien du PNUD, un Plan national d'adaptation axé sur les secteurs

Cette initiative pluriannuelle concentre ses efforts sur le soutien des secteurs les plus vulnérables au climat, tels que l'agriculture, l'eau, la santé et la gestion des bâtiments et des mesures d'urgence, afin de les adapter au changement climatique. Les provinces ciblées sont celles de la région de la Mer d'Aral. Les activités essentielles incluent le renforcement de la coordination intersectorielle, la consolidation des données relatives au climat, l'intégration de l'adaptation au changement climatique à la planification et à la budgétisation et la réalisation d'estimations économiques pour la définition des options d'adaptation.

Ces activités contribuent à la progression du processus d'adaptation de la CDN de l'Ouzbékistan, qui consiste en l'élaboration de mesures adaptatives pour l'agriculture et la gestion de l'eau, le secteur social, les infrastructures stratégiques et les systèmes de production, et de mesures visant à atténuer les conséquences de la catastrophe affectant la Mer d'Aral. 

Le développement d'une stratégie nationale de transition vers une économie verte est étroitement lié à la réponse climatique et vise à augmenter de manière significative l'efficience en matière d'utilisation de l'eau dans l'ensemble des secteurs de l'économie, à appliquer des techniques d'irrigation au goutte-à-goutte sur une surface de 1 million d'hectares et à augmenter le rendement des récoltes de ces terres dans une proportion allant de 20 à 40 %. 

Lacs glaciaires au Bouthan
Lacs glaciaires au Bouthan. Photo: PNUD Bouthan

Les lacs glaciaires au Bhoutan

En raison de l'augmentation des températures constatée à l'échelle mondiale, les lacs glaciaires fondent et provoquent des inondations brutales et des glissements de terrain, en sus de l'érosion due aux chutes de pluie intenses affectant les communautés de l'Himalaya. L'économie du pays est extrêmement dépendante de deux secteurs sensibles au climat : l'agriculture et l'énergie hydroélectrique. L'impact des pénuries d'eau sur l'irrigation affecte fortement l'agriculture, et a pour conséquence des récoltes en retard, une modification du cycle des saisons et une baisse des rendements. Pour le Bhoutan, l'eau est une priorité nationale. 

Afin de soutenir la capacité du Bhoutan à s'adapter au changement climatique dans cette région, le FVC a approuvé le déblocage d'un financement de disponibilité de 3 millions USD, aux fins de l'élaboration, avec le soutien du PNUD, d'un PNA centré sur le secteur hydrique (en anglais). Une des activités en cours dans le cadre de cette initiative pluriannuelle est une analyse des risques spécifiques à l'eau effectuée à l'échelle nationale, afin d'évaluer et d'identifier les zones sensibles en matière d'adaptation hydrique au sein des 20 districts du Bhoutan. 

Pour parvenir à une planification efficace de l'adaptation à moyen terme, il est essentiel que les parties prenantes nationales comprennent dans quelle mesure l'instabilité et le changement climatiques causent déjà des problèmes dans le secteur hydrique. L'évaluation des risques a porté sur l'historique de développement des problèmes hydriques et a élaboré une vision prospective des changements à venir. Cette approche est un aspect essentiel de la planification de l'adaptation climatique, car elle permet d'informer au mieux les stratégies de gestion des risques climatiques applicables au secteur hydrique élaborées dans l'ensemble des districts. 

Concernant la planification de l'adaptation à long terme, et en partenariat avec la division du PNUD en charge des travaux d'adaptation climatique, le Bhoutan met également en œuvre un projet de développement d'agriculture résiliente au changement climatique, financé à hauteur de 25,3 millions USD par le FVC. Le projet profite principalement aux communautés rurales, via l'application de pratiques durables de gestion de l'eau et des terres, une stratégie d'irrigation plus résiliente au changement climatique et la construction de routes, également résilientes au changement climatique. 

La CDN révisée du Bhoutan vise à renforcer la sécurité hydrique globale par le biais d'une gestion intégrée des ressources en eau. Elle désigne en outre l'eau comme un besoin d'adaptation prioritaire. Dans le cadre de la mise en œuvre de sa CDN, divers extrants provenant du processus du PNA (p. ex. l'évaluation des risques spécifiques à l'eau) contribueront à la réalisation des engagements de la CDN du Bhoutan. 

Une femme cultivant du riz en Zambie
Une femme cultivant du riz en Zambie. Photo: Georgina Smith / UNCG Zambie

Le lac Kariba en Zambie

En Zambie, pays possédant le plus grand lac artificiel du monde, il a été constaté que le niveau des eaux du Lac Kariba a baissé de six mètres au cours des trois dernières années. Environ la moitié de l'énergie électrique totale produite en Zambie provient d'un barrage relié au Lac Kariba, qui est une source importante d'énergie à faible émission de carbone pour ce pays et la région toute entière. Le changement climatique a un double effet sur la Zambie : des mois entiers de sècheresse sont en effet suivis de pluies torrentielles ravageant les récoltes et les infrastructures. 

En mars 2020, la proposition de Plan national d'adaptation de la Zambie a été approuvée par le FVC, avec un financement d'un montant de 2,18 millions USD à la clé. Le projet de PNA est soutenu par le Partenariat mondial de l'eau et fera l'objet d'une mise en œuvre en deux phases. La première phase se concentre sur le développement du PNA global du pays, afin de renforcer la coordination à long terme entre les processus de planification de l'adaptation au niveau national, tout en encourageant également les synergies avec les processus de planification subnationaux et centrés sur les secteurs. La deuxième porte sur l'élaboration d'un PNA consacré au secteur hydrique. La Zambie reconnait que l'eau est un connecteur essentiel pour l'ensemble des secteurs et développe un PNA innovant exclusivement centré sur le renforcement de la résilience dans les plans concernant les secteurs sensibles aux problèmes hydriques, tels que l'énergie, la santé et l'agriculture. 

Afin de protéger les fermiers zambiens pratiquant l'agriculture pluviale, le gouvernement de la Zambie s'est associé au PNUD, au PAM et à la FAO, en vue du développement d'un projet d'agriculture de conservation cofinancé avec le FVC à hauteur de 137,3 millions USD. À ce jour, le projet a établi 76 écoles pratiques d'agriculture dans huit districts différents et a permis de former 2300 petits exploitants à des techniques agricoles résilientes au changement climatique. Outre ces actions à l'échelon local, le projet soutient la CDN de la Zambie afin de renforcer la résilience agricole et la sécurité alimentaire et, in fine, de réduire la pauvreté. 
 

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Note de l'éditeur: Sur la base des expériences vécues et des enseignements tirés d'un portefeuille d'initiatives concernant 137 pays, le PNUD promeut une «approche sociétale holistique» afin d'accélérer l'adaptation et continue de soutenir les pays afin de mobiliser les financements publics et privés nécessaires à la mise en œuvre de leurs priorités en matière d'adaptation. Le PNUD aide actuellement 50 pays à mettre en œuvre des programmes de planification de l'adaptation. Sont ici concernés les projets de PNA financés via le Programme de préparation du FVC, l'initiative conjointe de la FAO et du PNUD « Programme d’appui à l’intensification des efforts pour l’agriculture et l’utilisation des terres par la mise en œuvre des CDN et des PNA » (SCALA) soutenue par le BMUV et l'Initiative d'adaptation pour l'Afrique de l'UE et du PNUD visant à améliorer l'adaptation climatique sur le continent. 

L'initiative Climate Promise du PNUD a aidé 120 pays à améliorer leurs CDN, notamment sur l'adaptation. Plus de 90 % de CDN renforcées contenant des éléments relatifs à l'adaptation ont été soumises en 2020 et 2021. Le projet Climate Promise du PNUD et le portefeuille de PNA aident les pays à renforcer leurs plans climatiques globaux, mais également à préparer des actions plus spécifiques afin d'accélérer la mise en œuvre des mesures d'adaptation.