Photo : PNUD Mali
Aux frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger en Afrique de l’Ouest se trouve la région enclavée du Liptako-Gourma.
Comptant 17 millions d’habitants et couvrant une superficie de 536 000 kilomètres carrés au Sahel, c’est une région riche de traditions, de langues et de coutumes qui se sont entremêlées au fil des siècles.
Le Liptako-Gourma regorge également de possibilités. Les jeunes de moins de 25 ans représentent deux tiers de la population. D’importantes ressources en minerais, en eau et en biodiversité se trouvent tant à la surface, que sous le sol . De plus, sa position à la croisée de l’Afrique de l’Ouest offre des perspectives économiques intéressantes tout en servant de pont potentiel pour les échanges culturels et la coopération.
Malgré cela, la région demeure frappée par des crises économiques, environnementales, politiques et humanitaires interdépendantes. La situation sécuritaire est toujours marquée par le terrorisme et des groupes extrémistes violents. Des tensions entre communautés éclatent fréquemment, et sont attisées par des conflits au sujet de ressources naturelles de plus en plus limitées.
Photo : Jean Damascene Hakuzimana/PNUD Tchad
Les effets du changement climatique, notamment les pressions à long terme et les chocs soudains, ne font qu’exacerber les menaces.
Dans ses travaux sur la sécurité climatique, le PNUD cherche à comprendre les risques que pose la crise climatique pour la paix et la stabilité dans la région et à créer un filet de sécurité au travers d’initiatives d’adaptation, de collaboration et d’innovation.
Notre travail au Burkina Faso, au Mali et au Niger révèle non seulement les défis qui se posent, mais également les solutions qui existent.
Burkina Faso
Bien que coupée du centre politique, Séno est une province reculée du nord du Burkina Faso qui est dynamique. Les jeunes sont attirés par la multiplication des sites d’orpaillage. L’urbanisation rapide y entraîne une forte croissance de la population.
En dehors des centres urbains, les choses changent également. Ces dernières décennies, nombre d’éleveurs traditionnels de la région se sont tournés vers l’agriculture, une activité considérée comme plus résiliente face aux précipitations irrégulières. L’expansion des terres agricoles, combinée au développement de terres (sur)exploitées et à une réduction progressive des récoltes, a toutefois amorcé un cercle vicieux de dégradation environnementale et de conflits.
Dans de tels contextes fragilisés et touchés par des conflits, l’action climatique est importante, car elle contribue à améliorer le bien-être et les moyens d’existence des communautés tout en limitant les interactions néfastes entre le changement climatique, les conflits et la sécurité.
Dans cette optique, le PNUD et ses partenaires travaillent avec les acteurs gouvernementaux et locaux au renforcement de la résilience en améliorant la gouvernance des ressources naturelles et le dialogue, en promouvant des solutions fondées sur la nature, en fournissant des informations et des services hydrométéorologiques et climatologiques et, surtout, en aidant les communautés à s’adapter.
En février 2023, le gouvernement burkinabé a lancé le programme Mini-réseaux pour l’Afrique dans le but d’élargir l’accès aux énergies propres, en améliorant la viabilité financière des mini-réseaux photovoltaïques solaires décentralisés et en promouvant des investissements à grande échelle dans ces mini-réseaux. Ce projet devrait apporter une contribution substantielle à l’accélération des travaux d’électrification des zones rurales du pays et améliorer ainsi les vies et les moyens d’existence.
En mars 2022, le Fonds pour les pays les moins avancés du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a approuvé un projet visant à renforcer la résilience des communautés du Bassin du Nakanbé en protégeant les vies et les moyens d’existence contre les sécheresses et les inondations.
Parallèlement, un projet en cours soutenu par le PNUD établit actuellement un système indexé d’assurance contre les intempéries pour 20 000 ménages au Burkina Faso ainsi qu’un ensemble complet de mesures en faveur de la résilience comprenant un accès au crédit et des outils, technologies et intrants améliorés pour une agriculture climato-résiliente.
Le gouvernement a également reconnu les co-avantages de l’action climatique dans la version actualisée de sa Contribution Déterminée au niveau National, qui a été élaborée avec l’appui du PNUD.
Photo : PNUD Mali
Mali
Au-dessus et autour du plateau de Bandiagara au Mali, situé entre la vallée du Niger et la rivière du Bani à l’ouest et les plaines du Séno à l’est, se trouve le cercle de Bandiagara. Au centre du plateau se dresse la ville de Bandiagara, avec une population d’environ 20 000 habitants.
La beauté géologique et archéologique de cette région est remarquable, et la falaise de Bandiagara (pays dogon) a été inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1989.
Toutefois, depuis que le conflit a éclaté au Mali en 2012, de plus en plus de violences meurtrières secouent la région. Les attaques armées sont concentrées dans les terres basses autour du plateau de Bandiagara, notamment la « zone inondable » du fleuve Niger et, en particulier, la « zone exposée » du Séno.
Bandiagara n’a pas été épargnée. L’an dernier, la zone a été le théâtre d’un certain nombre d’attaques et d’affrontements intercommunautaires, provoquant la fuite de plus de 91 000 personnes et affectant les infrastructures telles que les routes, les ponts et les écoles.
Les tensions intra- et interethniques entre agriculteurs et éleveurs, mais également entre éleveurs et au sein de la communauté elle-même, ont été exacerbées par une pénurie de terres et de ressources naturelles (elle-même due à la croissance démographique, à la dégradation des sols, aux aléas climatiques et aux contraintes d’accès liées aux conflits).
Photo : PNUD Mali
Le PNUD, la Banque mondiale, le gouvernement néerlandais et d’autres partenaires coopèrent dans le centre du Mali pour renforcer la résilience des communautés grâce à des solutions fondées sur la nature, notamment en réhabilitant les paysages et en améliorant la gestion des ressources naturelles.
Entre-temps, un grand nombre d’ONG locales et internationales travaillent dans le cercle de Bandiagara en vue de renforcer la résilience climatique du secteur de l’agriculture – par exemple, en fournissant aux agriculteurs des techniques de conservation de l’eau et des sols, des informations hydrométéorologiques et agrométéorologiques et un accès à des financements, notamment au microcrédit.
Les décideurs maliens privilégient l’autonomisation des acteurs locaux dans l’action climatique. Pour renforcer la capacité des autorités locales, l’Agence malienne de l’environnement et du développement durable a élaboré des guides pour la préparation de plans de développement intégrés, de plans de développement durable et de plans de protection de l’environnement.
Avec le financement du Fonds pour les Pays les Moins Avancés du FEM et l’appui du PNUD, le gouvernement a lancé cette année un projet axé sur la sécurité climatique et la gestion durable des ressources naturelles dans les régions du centre du pays. Ce projet inclut des stratégies qui visent à lutter contre la dégradation des terres et à rétablir la productivité des terres, à aider les communautés vulnérables à s’adapter au changement climatique et à promouvoir la consolidation de la paix.
Le programme de sécurité climatique régionale du PNUD a lancé des activités au Mali, notamment dans le cercle de Bandiagara, ainsi qu’au niveau régional, avec l’appui financier du Danemark. De son côté, un nouveau partenariat entre le PNUD et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), soutenu par des fonds de la Suède, cherche à intégrer davantage les aspects liés aux migrations dans le cadre d’une approche de sécurité climatique.
Le Secrétaire général des Nations Unies en visite dans un camp de réfugiés au Niger. Photo : Eskinder Debebe/ONU
Photo : Amadou Djibo/PNUD Niger
Niger
Au Niger voisin, la commune nomade de Bankilaré fait face à une hausse de la fréquence et de la durée des sécheresses pendant la saison des pluies, ainsi qu’à des précipitations plus intenses et plus extrêmes.
Les changements climatiques menacent de plus en plus la fertilité des sols, le couvert forestier et la biodiversité, avec des répercussions majeures sur les communautés rurales.
Dans le même temps, Bankilaré est très exposée à l’instabilité de la région. Ces dernières années, la prolifération des attaques armées et des menaces a incité près de 5 000 ressortissants à fuir vers la communauté voisine de Téra et a provoqué la fermeture des dispensaires de santé et de nombreuses écoles.
À long terme, le changement climatique pourrait exacerber les tensions et les conflits existants, particulièrement ceux liés à l’accès aux ressources naturelles et aux terres (comme au Burkina Faso où, au cours des dernières décennies, de nombreux éleveurs se sont tournés vers l’agriculture).
Les effets seront probablement plus profonds, compte tenu de la crise politique actuelle et des sanctions internationales.
Pour relever ces défis, le PNUD collabore étroitement avec le gouvernement et les partenaires en vue d’améliorer l’utilisation durable et efficace des ressources naturelles (notamment l’eau et les forêts) et de renforcer la résilience des communautés et leurs capacités d’adaptation aux risques climatiques.
Avec l’appui du Fonds vert pour le climat et du Fonds pour les pays les moins avancés du FEM, des progrès sont accomplis dans la planification et la budgétisation de l’adaptation à moyen et long terme ainsi que dans l’intégration de l’adaptation dans les cadres pertinents aux niveaux national et local. S’agissant du programme conjoint « Ambition climatique accrue dans l’utilisation des terres et l’agriculture » (SCALA) du PNUD et de la FAO, des efforts visant à mobiliser des financements du secteur privé pour l’action climatique sont en cours.
Dans le cadre du projet régional de résilience au Sahel, qui bénéficie du soutien de la Suède, le PNUD renforce également les capacités en matière de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation en faveur de la résilience.
Photo : PNUD Sénégal
Cultiver des solutions de sécurité positives pour le climat au Sahel
Par ses conséquences considérables sur les vies et les moyens d’existence, la crise climatique met à rude épreuve la résilience des nations du monde entier. C’est d’autant plus vrai au cœur du Sahel, où les défis environnementaux sont intrinsèquement liés aux enjeux de paix et de sécurité.
En collaboration avec les partenaires à tous les niveaux, le travail du PNUD en faveur de la sécurité climatique consiste à instaurer un filet de sécurité qui protège l’environnement tout en promouvant un avenir plus sûr, plus durable et plus résilient pour tous.
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Photo : PNUD Sénégal