Photo: PNUD Tanzanie
Depuis la révolution industrielle, les combustibles fossiles ont alimenté une croissance et un développement extraordinaires, mais au prix d’un coût phénoménal pour notre climat. Conséquence directe, nous sommes aujourd’hui en situation d’urgence climatique.
Pour éviter la catastrophe, nous devons maintenant passer entièrement à un avenir durable, à zéro émission nette. Cette transition doit être rapide, mais doit aussi se faire de manière équitable et inclusive.
Si elle est menée correctement, la transition offre d’immenses possibilités : un changement de système dans lequel toutes les communautés, tous les travailleurs et tous les pays voient leur situation s’améliorer.
La dynamique de la « transition juste » s’accélère de façon prometteuse. Nous la voyons émerger dans le dialogue mondial sur la décarbonation et les émissions nettes zéro. De plus en plus de pays l’intègrent dans leurs plans climatiques à court et à long terme. Des partenaires se réunissent et des coalitions se forment.
Mais de quoi s’agit-il ?
Qu’est-ce que la « transition juste » ?
Le concept de « transition juste » est né dans les années 1980, lorsqu’il a été utilisé par les syndicats américains pour protéger les travailleurs touchés par les nouvelles réglementations sur la pollution de l’eau et la pollution atmosphérique.
Ces dernières années, ce concept a gagné en popularité en lien avec la réalisation des objectifs climatiques, marquée par la volonté d’embarquer l’ensemble de la société – toutes les communautés, tous les travailleurs, tous les groupes sociaux – vers un avenir net zéro.
L’Organisation internationale du Travail (OIT) définit la transition juste comme suit : « rendre l’économie plus verte d’une manière qui soit aussi équitable et inclusive que possible pour toutes les personnes concernées, en créant des opportunités de travail décent et en ne laissant personne de côté ».
Cette définition offre un fondement solide, mais la perception d’une transition juste varie selon les pays et les régions.
L’essentiel, c’est que chaque pays favorise un dialogue permanent afin d’élaborer une vision commune de ce que signifie une transition juste pour les travailleurs, les communautés et les entreprises concernés.
Pourquoi entend-on davantage parler de « transition juste » maintenant ?
Alors que les effets néfastes du changement climatique s’aggravent chaque année et que la fenêtre de tir se réduit rapidement, les pays intensifient leurs efforts pour décarboner, rendre leurs économies plus vertes et renforcer leur résilience.
Cependant, la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, qui consiste à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius ou moins, appelle un changement sans précédent de notre façon d’agir. Or, l’histoire nous l’a prouvé, tout changement brutal peut faire peser un prix élevé sur les travailleurs et la société.
À mesure que ces changements s’opèrent, le concept de transition juste prend de l’ampleur.
L’importance d’une telle transformation est de plus en plus reconnue par les gouvernements du monde entier, qui intègrent les principes de la transition juste dans leurs plans climatiques à court et à long terme (connus, respectivement, sous le nom de Contributions Déterminées au niveau National, ou CDN, et de Stratégies à long terme, ou SLT).
Selon le dernier rapport publié par le PNUD, les principes de la transition juste figurent désormais dans 38 % des CDN et 56 % des SLT, ainsi que dans un nombre croissant d’initiatives mondiales de premier plan.
Bien qu’il reste certainement beaucoup à faire, ces avancées sont des signes prometteurs.
Quels sont les avantages de la transition juste pour la lutte contre le changement climatique ?
Une transition juste peut aider les pays à faire face aux conséquences du changement climatique et à rendre leurs économies plus vertes de plusieurs manières.
Premièrement, en faisant participer la population. Si les gouvernements parviennent à démontrer les avantages socioéconomiques d’une transition verte – y compris les avantages économiques et les nouveaux emplois verts –, ils peuvent s’offrir un véritable appui du grand public pour une ambition climatique plus élevée, car les citoyens seront plus susceptibles de soutenir les choix politiques et les investissements associés.
Deuxièmement, en soutenant une révolution des emplois verts, dans laquelle les nouveaux emplois créés bénéficient d’un salaire minimum garanti, de protections adéquates en matière de sécurité au travail et de prestations de santé. Ces emplois de qualité tireront les employés, leurs familles et leurs communautés vers le haut. En outre, ils contribueront également à attirer les travailleurs nécessaires à la transformation économique.
Troisièmement, en posant les bases sociales d’une économie « zéro carbone » résiliente. Grâce à une planification transparente et à la participation active d’un large éventail de parties prenantes, les gouvernements peuvent réduire au minimum la peur, l’opposition et les conflits générationnels et intercommunautaires susceptibles de compromettre l’abandon des anciens combustibles fossiles et autres activités nuisibles qui réchauffent la planète, telles que la déforestation ou les pratiques de production de déchets.
Quatrièmement, en favorisant les solutions locales. En appliquant le filtre de la transition juste à l’action climatique – et en adoptant les processus consultatifs associés à la réalisation d’une transition juste, les pays peuvent davantage cerner les conséquences (positives et négatives) d’une action climatique audacieuse et déterminer les solutions les mieux adaptées à leur contexte. Cela pour le plus grand bénéfice de tous.
Cinquièmement, en réaffirmant l’urgence de mener des efforts concertés pour lutter contre le changement climatique. Les transitions sont souvent perturbatrices et il convient de déployer des efforts délibérés pour les adoucir. Une stratégie de transition juste, intégrée dans les plans climatiques à court et à long terme tels que les CDN et les SLT, peut aider les dirigeants à rester concentrés sur la tâche urgente de la décarbonation rapide, tout en s’efforçant d’obtenir des résultats équitables et inclusifs.
Il est toutefois important de noter qu’une transition juste ne contribue pas seulement à faire progresser l’action climatique. Elle permet également de progresser dans la réalisation de tous les objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux relatifs à l’énergie propre et d’un coût abordable, au travail décent et à la croissance économique, à la réduction des inégalités et à des modes de production et de consommation responsables.
Photo: PNUD Mali
Qui est responsable et impliqué dans la réalisation d’une transition juste ?
Les pouvoirs publics à tous les niveaux (national, régional et local), les entreprises et les organisations de travailleurs sont tous des agents de changement dans la transition juste.
En plus d’être les organisateurs du dialogue social et de la consultation, les gouvernements ont la responsabilité première de mettre en place les cadres politiques et réglementaires nécessaires pour accélérer l’action climatique soutenue par une transition juste. Ils sont également des investisseurs – propriétaires d’entreprises et d’infrastructures publiques – et des employeurs du secteur public.
Parallèlement, les entreprises jouent un rôle essentiel en recensant les risques et en exploitant les possibilités, notamment par la formation et le développement de nouvelles compétences pour les travailleurs. Elles jouent également un rôle clé pour garantir le respect du droit du travail et des droits humains lorsque les entreprises arrivent dans les secteurs verts.
Les organisations de travailleurs – y compris les syndicats et les comités de défense locaux et régionaux – sont bien sûr tout aussi essentielles pour réaliser une transition juste, puisqu’elles veillent à ce que les besoins des travailleurs soient pleinement représentés.
Quels sont les obstacles à la réalisation d’une transition juste – et comment les surmonter ?
Les gouvernements rencontrent un certain nombre d’obstacles dans la réalisation d’une transition verte juste. Parmi eux, on peut citer le manque de clarté et de consensus sur ce qu’elle recouvre ; le manque de données sur les avantages d’une transition verte et sur les retombées des différentes stratégies politiques pour les différents segments de la société ; le manque de capacités nationales (pour élaborer les politiques publiques requises, mais aussi pour combler les lacunes en matière de compétences) ; et enfin, l’insuffisance des investissements.
Le PNUD aide les gouvernements à relever ces défis dans le cadre de leurs plans climatiques à court et à long terme en intervenant dans quatre principaux domaines d’appui : la réalisation d’évaluations qualitatives et quantitatives ; le soutien au renforcement du dialogue social ; le renforcement des institutions, des politiques publiques et des capacités ; et l’accès/l’attraction des financements nécessaires.
Quels sont les pays précurseurs ?
Par le biais de l’initiative Climate Promise, le PNUD aide 34 pays et territoires à travers le monde à consolider les principes, les processus et les pratiques de la transition juste en utilisant son Cadre d’action relatif à l’incorporation de la transition juste dans les CDN et les SLT.
Des pays comme la Serbie, le Costa Rica et le Zimbabwe sont en train d’établir une base solide de données probantes pour la transition juste en menant des évaluations qualitatives et quantitatives (y compris des modélisations économiques) pour étudier les effets socioéconomiques d’une transition verte. Ces informations permettent également de définir des mesures ciblées pour aider les populations vulnérables telles que les femmes et les travailleurs informels.
Dans le même temps, l’Afrique du Sud et Antigua-et-Barbuda cherchent à démontrer les avantages d’une approche sociétale globale, dans laquelle une grande variété de parties prenantes participent à la définition d’une vision commune de la transition juste et des voies à suivre pour y parvenir. En Inde, des mesures de renforcement des capacités visant à améliorer les compétences nationales, en particulier celles des femmes et des jeunes, soutiennent la révolution des emplois verts.
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Si cet article vous a intéressé(e) et si vous souhaitez en savoir plus sur la situation mondiale en matière de transition juste, n’hésitez pas à consulter le nouveau rapport du PNUD « How Just Transition can help deliver the Paris Agreement » (Comment la transition juste peut aider à respecter l’Accord de Paris).